L’image miraculeuse : théories, pratiques et représentations dans le monde chrétien (XIVe-XVIIe siècles)

Colloque international à Rennes, 3-5 novembre 2016.

Date limite d’envoi des propositions : 1er mars 2016.

          Consacré aux images miraculeuses et à leur culte dans le christianisme occidental (XIVe-XVIIe siècles), le colloque a pour but d’envisager tous les aspects d’un phénomène majeur, qui a eu des répercussions dans la plupart des domaines de la vie religieuse, depuis la réflexion théologique jusqu’aux pratiques des pèlerins en passant par les dévotions privées ou encore l’aménagement des lieux de culte. En conjuguant questionnements et perspectives disciplinaires variés, la rencontre entend à la fois faire le bilan des recherches menées dans ce domaine et contribuer à leur renouvellement. Le colloque se tiendra à l’Université Rennes 2 les 3-4-5 novembre 2016.

Argumentaire

          L’essor des images miraculeuses constitue l’un des phénomènes les plus marquants de l’histoire religieuse occidentale de la fin du Moyen Age et de la première modernité. Si les représentations figurées créditées de pouvoirs surnaturels jouaient un rôle fondamental dans le christianisme byzantin depuis la fin de l’Antiquité, dans l’Occident latin leur essor ne commence que bien plus tard (XIe-XIIe siècles). Il n’en est pas moins remarquable et dès la fin du Moyen Age les images en viennent à concurrencer puis à éclipser les reliques comme sources de pouvoir thaumaturgique. Cette transformation en profondeur a eu des répercussions sur toutes les facettes de la vie religieuse : le phénomène pèlerin en premier lieu, mais également les dévotions privées, la réflexion théologique, la religion civique ou encore l’aménagement des lieux de culte.

          Longtemps marginale, la question des images miraculeuses n’a attiré l’attention des spécialistes qu’à une époque relativement récente, à la faveur des renouvellements qui ont marqué l’histoire religieuse et l’histoire de l’art. La multiplication des travaux menés dans ce domaine depuis une trentaine d’années ne saurait toutefois occulter le caractère quelque peu éclaté de la recherche qui pâtit des cloisonnements disciplinaires – entre histoire et histoire de l’art notamment – et des frontières chronologiques. Tel est le point de départ de la rencontre envisagée qui voudrait, avant toute chose, réunir des spécialistes de différentes disciplines – historiens du fait religieux, de l’art et de la théologie, anthropologues – de manière à proposer un état des lieux de la recherche dans une perspective aussi large et diversifiée que possible. Ce souci explique le cadre spatio-temporel choisi – l’ensemble de l’Occident du XIVe au XVIIe siècle, époque qui correspond à ce qu’on pourrait qualifier d’âge d’or de l’image miraculeuse – dont les dimensions doivent permettre de saisir les grandes inflexions du phénomène sans négliger pour autant ses moments plus particuliers et ses spécificités locales. La rencontre ne saurait toutefois se borner à un bilan de la recherche récente mais entend favoriser son renouvellement en mettant l’accent sur les aspects de la question qui n’ont pas encore reçu toute l’attention qu’ils méritent. Concrètement, les communications programmées seront organisées autour d’une série de quatre axes :

Axe 1 : Théorie de l’image miraculeuse

          Si de nombreux travaux de qualité ont, ces dernières années, fait connaître toute la richesse de la réflexion menée par les théologiens du Moyen Age et de la première modernité sur le statut de l’image et le bon usage de son culte, la question spécifique de l’image miraculeuse n’a pas retenu l’attention des spécialistes. Elle le mérite pourtant, à la fois en raison de son importance dans la vie religieuse et des problèmes spécifiques qu’elle pose à la théologie de l’image, qu’il s’agisse d’un éventuel statut particulier de l’image miraculeuse, de son ontologie ou encore des rapports entretenus entre les images et les êtres qu’elles représentent.

Axe 2 : La matérialité de l’image miraculeuse

          Toute image est matière autant qu’elle est signe. A cet égard, le cas de l’image miraculeuse est une invitation à s’interroger sur la matérialité de l’objet et les pouvoirs qui lui sont prêtés. Images fabriquées avec des matériaux ayant servi à d’autres images plus célèbres, fragments d’icônes insérés dans des tableaux plus récents, rituels reposant sur les attributs physiques des statues, la matérialité des images miraculeuses est une dimension essentielle du problème, encore mal connue.

Axe 3 : Mise en scène et usages de l’image miraculeuse

          L’image miraculeuse n’étant pas une image comme les autres, elle bénéficie souvent d’une position particulière dans l’espace cultuel, qui peut se traduire par des mises en scène très élaborées destinées à mettre en valeur son pouvoir en même temps qu’à l’accroître. Il faut également s’interroger sur les rituels spécifiques liés aux images miraculeuses, les processions en premier lieu, et dont les enjeux, qu’ils soient matériels ou symboliques, étaient considérables pour les communautés concernées.

Axe 4 : Représentation et diffusion de l’image miraculeuse

          Sculptées, peintes et surtout gravées, les représentations d’images miraculeuses en propagent l’histoire en même temps que le rayonnement. Ces opérations sont l’occasion de transformations qui ne sont pas anodines – modification des échelles ou des choix iconographiques, passage de la polychromie au noir et blanc ou inversement, ajout ou suppression d’éléments textuels – qui constituent autant d’indices sur les évolutions du culte et les usages de l’image miraculeuse.

Modalités de soumission

Les propositions de communication sont à envoyer sous la forme d’un résumé (3000 signes maximum, espaces compris), en français ou en anglais. Elles doivent mentionner à la fois l’objet d’étude proposé, le cadre spatio-temporel envisagé, les sources mobilisées ainsi que l’axe dans lequel s’inscrira la communication. Les résumés doivent être envoyés au format PDF aux deux adresses suivantes : estelleleutrat@wanadoo.fr ; nicolas.balzamo@unine.ch

Date limite d’envoi des propositions : 1er mars 2016

 

Comité d’organisation

Estelle Leutrat (Université Rennes 2)

Nicolas Balzamo (Université de Neuchâtel)

Ariane Boltanski (Université Rennes 2)

Comité scientifique

Estelle Leutrat, Maître de conférences en histoire de l’art moderne (Université Rennes 2)

Ariane Boltanski, Maître de conférences en histoire moderne (Université Rennes 2)

Bruno Boerner, Professeur d’histoire de l’art du Moyen Age (Université Rennes 2)

Nicolas Balzamo, Post-doctorant, histoire moderne (Université de Neuchâtel)

Olivier Christin, Professeur d’histoire moderne (Université de Neuchâtel)

Ralph Dekoninck, Professeur d’histoire de l’art moderne (Université catholique de Louvain)