Le Mercure confiné

Le Mercure confiné - expérimentation scientifique, artistique et ludique en période d’isolement (Anne Piéjus)

Chères et chers amis, étudiants, amateurs et amatrices du XVIIe siècle,

Je suis confinée, tu es confiné, vous êtes confinées…

Nous sommes au spectacle, et pourtant partie prenante, de la reconfiguration accélérée des liens sociaux et politiques en temps d’épidémie. Parmi les multiples sollicitations de toute nature dont nous sommes abreuvés, peut-être regardez-vous vous aussi avec un certain intérêt fleurir les initiatives citoyennes, scientifiques, culturelles ou artistiques en ligne. Sans doute êtes-vous contraints d’organiser votre temps autrement. Peut-être même le goût des autres est-il aussi pour vous celui de leur voix… ? Cette expérience est faite pour vous !

Recréer un salon virtuel

Après quelques années de travail en équipe sur le Mercure galant (périodique créé par J. Donneau de Visé, qui a paru de 1672 à 1710) et partageant avec des collègues, des amis, des étudiantes et étudiants venus travailler dans l’équipe, un certain goût pour les jeux littéraires et musicaux, est née l’idée d’une plateforme collaborative qui permette de recréer, ou de réinventer, des formes de sociabilité inspirées de ce périodique. Sans prétendre transposer les salons du XVIIe siècle à l’ère numérique, il semble qu’il y ait là matière à expérience, à commencer par une toute simple, adaptée aux circonstances : redonner à ces textes et à ces musiques une épaisseur sensible, en leur donnant de la voix ; c’est-à-dire les lire, les faire sonner entre nos murs, les enregistrer, et les partager. Ce crowdsourcing sera associé, lorsque nous le pourrons, à un espace contributif scientifique (de critique et d’enrichissement des ressources publiées par l’équipe) que nous élaborons en équipe ; et, pourquoi pas, étendu à toutes sortes de créations, bouts-rimés, énigmes, expériences de poésie collective, etc.

Je vous propose donc aujourd’hui de lire à haute voix des textes et de chanter des airs publiés dans le Mercure galant, de vous enregistrer, et de réunir vos contributions.

Comment contribuer

Toutes les bonnes volontés sont bienvenues, de tout âge, de toute nationalité et avec l’accent qui est le sien. Nul besoin d’être musicien professionnel ou spécialiste de la déclamation historiquement informée pour participer.

Les arrangements ont toute leur place eux aussi, et vous pouvez vous lancer dans la variation, la réponse fictive, le double orné, le trope, ainsi bien entendu qu’à l’interprétation instrumentale des airs. Il s’agit à ce stade d’une simple expérience collaborative.

Choisir un texte à lire ou un air à chanter parmi les lettres, fables, histoires galantes, « aventures », madrigaux, rondeaux, sonnets, airs en musique, …

Si vous préférez des suggestions, écrivez à anne.piejus@cnrs.fr en indiquant vos goûts (longueur approximative du texte ; prose ou vers ; type de sujet qui vous intéresse ; tessiture vocale et instruments à disposition, le cas échéant)

Informez-moi de votre choix (on évite autant que faire se peut les doublons)

Préparer votre interprétation, puis enregistrez-vous avec les moyens du bord, idéalement en privilégiant le format WAV (audio non compressé), de préférence 44100 Hz (ou 96000 Hz), 24 bits.

Préparez votre envoi :

Indiquez les références du texte que vous trouverez en tête de l’article (par ex. : « [Avanture du Bain], Mercure galant, juillet 1679 [tome 7], p. 147-153. »

Précisez si vous souhaitez partager votre contribution de manière anonyme, sous votre identité réelle, ou sous un pseudo[1], et précisez de quel lieu (réel ou fictif) vous vous êtes enregistrés. Joignez une photo de ce lieu ou des alentours.

Envoyez-moi votre fichier par email, WeTransfer ou autre.

Vous trouverez en ligne :

Une édition numérique des textes, avec fac similés des musiques notées (cliquer sur le lien au bas de chaque article « air nouveau »),

Une édition moderne numérique des airs, en cours. On en a un aperçu ici, dans une version non relue. On peut vous envoyer en format PDF

  • les fac similés (regroupés pour une lecture musicale plus facile)
  • les transcriptions modernes (corrigées), y compris des airs non encore mis en ligne.

Nous avons aussi établi la collection virtuelle qui a servi à la mise en ligne sur Gallica, soit l’édition parisienne de ce journal.

S’y ajouteront à brève ou moyenne échéance d’autres ressources : les estampes parues dans ce journal seront bientôt accessibles en ligne ; nous indexons tous les articles sur la musique et les spectacles, et vous pourrez bientôt trouver en deux clics ce qui vous intéresse. Cette indexation s’appuiera sur un vaste ‘référentiel’ de l’Ancien Régime lui aussi interopérable, que préparent deux collègues. Pour l’instant, la fouille du texte en accès libre est limitée, mais elles et moi pouvons vous aider.

Que vont devenir vos enregistrements ?

Dans un premier temps, les enregistrements seront publiés en ligne. Vous pouvez écouter les premiers ici : https://soundcloud.com/user-459148113

Rien ne vous empêche de vous auto-publier par ailleurs.

Nous prévoyons une séance d’enregistrement pour tous ceux qui souhaiteront ré-enregistrer dans de meilleures conditions.

Sous réserve de votre accord, les voix du « Mercure confiné » seront par la suite associées à l’ensemble des ressources dédiées au Mercure galant produite par l’équipe de l’IReMus, regroupées sur une plateforme hébergée par Huma-Num, en cours de construction. Grâce à vous, on pourra, conformément à leur nature, écouter certains airs et certains textes du Mercure galant prévus pour la lecture à haute voix.

Merci à vous de votre participation !

 

[1] L’imagination vous fait défaut ? En voici quelques-uns utilisés par les contributeurs au Mercure galant : Les trois aimables Sœurs de la Ruë Pavée ; L’Amoureux oisif des bords de la Marne ; La charmante Bibi ; L’Amant patient de Dieppe ; L’Ombre des Tuileries ; La plus aimable de la Rue Sainte Marguerite ; Le Solitaire de Pontoise ; Le Sauvage d’Arbouville du Havre ; Une Belle de Thouars ; L’Œdipe Boulonnois ; une belle Suissesse ; Télamire, de Troyes ; Mademoiselle la Fileuse ; L’agréable Demoiselle de la Rue de Moussy ; La Belle Angélique ; La Belle Solitaire… et pour des collectifs : La Société spirituelle du Marais ; La Société des jeunes Belles de Caen ; Les deux Inséparables de la Rue de Moussy ; Les Pensionnaires du Cloître de Lyon ; Les Beaux esprits du Canton de Lille ; Les Dames de Richelieu ; La Société Cloîtrée de Paris ; l’Académie des Beaux Esprits, etc.

[2] Les Extraordinaires sont à chercher séparément.