(in)Visibilité(s) du monstre (Convergences francophones n°4)

Pour son quatrième volume (4.3, décembre 2017), la revue Convergences francophones (ISSN 2291-7012) recherche des articles dans les domaines des lettres et des arts portant sur le thème suivant :

(in)Visibilité(s) du monstre

La question du monstre et du monstrueux fait florès depuis quelques années dans le milieu des études littéraires. Ces études interrogent le thème du monstre dans sa diachronie (histoire de la monstruosité), dans la création littéraire, dans le champ des représentations esthétiques, sociales, etc.

Si le monstre pouvait à la Renaissance servir de signe, les monstres des siècles suivants sont redevables de la révolution scientifique, avec notamment l’essor de la tératologie. Au XIXème siècle, “vaste conservatoire des annales de la monstruosité” (Chauvaud 244, Ethnologie française 21.3), le monstre aux traits résolument humains pose la question de la dénaturation de l'être que les théories scientifiques de l'époque, notamment celle de l'hérédité, tentent de rationaliser en proposant une généalogie du monstrueux. Le monstre devient le miroir d’un pendant sombre de l'être humain repoussant les marges de l'ordinaire et du "normal". Qu’il s’agisse d’avertir, d’annoncer ou de montrer, le monstre peuple durablement l’imaginaire collectif.

Nous souhaiterions revenir sur la notion de “monstre” par le biais d’une réflexion bien connue de Corneille qualifiant L’Illusion comique (1636) d’ “étrange monstre”. L’auteur faisait bien sûr référence à l’assemblage composite de sa pièce, mêlant différents genres dramatiques. Tout baroque que l’auteur puisse être, il n’était pas moins étonné de son oeuvre, au point qu’elle lui paraisse inhabituelle, en rupture avec le cadre pourtant irrégulier de l’esthétique baroque. L’écart d’avec la norme se verrait donc redoublé à moins que le premier écart (la monstruosité) n’en soit pas un, ou du moins, ne soit plus (ou pas) pensé comme tel par Corneille. Bref, il y aurait des monstres qui n’étonnent pas car complètement banalisés dans l’imaginaire d’une époque. Ces monstres seraient en quelque sorte invisibles, au grand dam de l’étymologie du mot qui renvoie au champ du visuel (monstrare).

Les monstres peuvent-ils tous être invisibles ? L’invisibilité est-elle temporaire ou permanente ? Si un monstre, par l’écart qui le constitue, évolue dans les marges, son invisibilité indique-t-elle l’invisibilité des marges pour une norme ? 

Les textes doivent être envoyés à Antoine Eche (aeche@mtroyal.ca), et Justine Huet (jhuet@mtroyal.ca).

Les articles doivent impérativement être mis au format MLA (6000-8000 mots) sous peine d’être refusés, aussi intéressant soient-ils. Leurs auteurs enverront également un résumé ainsi qu’une brève notice bio-bibliographique.

Les articles soumis seront évalués par deux membres du comité de lecture ou spécialistes sollicités pour l’occasion.

Date limite de soumission des articles : 15 août 2017

Date de retour des évaluations : 1er octobre 2017

Date de publication : décembre 2017

Convergences francophones est une revue biannuelle, pluridisciplinaire, en libre accès.

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Source: Fabula