Gender : les débuts de l’époque moderne , JOURNÉE D’ÉTUDES DU 10 DÉCEMBRE 2015 Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 (source: Pierre Zoberman)

APPEL À COMMUNICATIONS

JOURNÉE D’ÉTUDES DU 10 DÉCEMBRE 2015 Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

Centre d’Études et de Recherches Comparatistes (EA 172) Littérature comparée et Gender : les débuts de l’époque moderne

For the CFP in English, see below

Cette journée fait suite à celle qui s’est tenue le 6 février 2015, et qui s’intitulait : « Comment articuler les croisements ? » Elle prolonge la réflexion, en cherchant à approfondir les spécificités de la première modernité au regard des questions de genre. En outre, il s’agit de s’interroger sur l’enrichissement mutuel entre une approche – les études et la pensée du genre – et une période : les débuts de l’époque moderne.

Contexte scientifique

Nous repartirons ici de quelques-unes des prémisses posées pour l’ensemble de ce projet de croisement entre littérature comparée et gender : Du canon à l’analyse des textes ou des genres littéraires, les Gender Studies qui se sont développées à partir des travaux des féministes des années 1970 et 1980, ont étendu les questionnements (au sens d’enquête, certes, mais aussi de remise en question) aux identités déviantes/dissidentes (LGBTI) et, dans la perspective de la théorie queer (après Sedgwick et Butler entre autres), à la résistance aux identités. Dans la dernière décennie, la dénaturalisation des genres sexués (et des rôles socialement assignés aux genres) a atteint aussi la masculinité, qui a perdu son caractère d’évidence. La prise en compte de ces développements théoriques dans les études littéraires a eu pour effet de rendre problématiques les objets culturels transmis de génération en génération de chercheurs et d’érudits. Il s’agit par exemple d’une réflexion sur le rôle des femmes dans l’émergence du roman en Europe aux débuts de l’époque moderne, ou de la mise en évidence d’une invisibilité culturellement produite de certains objets, de l’effacement ou de l’évaluation négative de tout un pan de la production littéraire en fonction de critères explicites ou implicites de genre (gender) – donc questions de canon – ou d’une relecture des textes (déjà reconnus ou non par la culture dominante) qui mette en évidence la représentation, la reproduction ou la construction d’identités et de rôles (le masculin, le féminin).

Questionnement

Lors de notre premier appel, nous avions proposé les axes suivants :

1- Problématisation de la notion même de croisement, les modalités et formes qu’elle revêt – croisement littérature comparée et gender bien sûr, mais aussi problématique intersectionnelle ou intermédialité.

2- Dans quelle mesure est-il possible de repenser les déterminations qui constituent la notion même d’intersectionnalité, hors de la triade classique « race, class, gender », en fonction des différents contextes sociaux, culturels, historiques, etc., en combinant d’autres facteurs (géographique, politique, idéologique, etc.).

3- Retour sur la question du canon, pour examiner la création et l’évolution de ces processus de constitution d’objets d’étude – par la création de canons alternatifs, en examinant les modes de constitution du canon, en faisant sortir des objets de l’invisibilité socialement construite, etc.

4- De même, une attention particulière pourra être accordée à la question de la traduction en lien avec la problématique du croisement propre à la journée d’étude.

On peut penser a priori que les deux derniers points sont plus immédiatement transposables à l’exploration à laquelle nous invitons aujourd’hui les chercheurs/euses. Mais, précisément, c’est l’un des buts de cette rencontre de voir comment les nouvelles approches peuvent éclairer le passé et de quelles manières l’exploration de contextes culturels et de corpus distants d’un point de vue temporel permet de réviser, d’affiner, et de valider, au prix parfois de ces ajustements, les méthodologies et théories contemporaines.

Une telle enquête est d’autant plus prometteuse que nombre de spécialistes aujourd’hui ont remis en cause la chronologie rigide établie par Michel Foucault et défendue par ses épigones comme David Halperin, chronologie à valeur doxique qui daterait l’apparition de l’identité sexuelle au moment de l’émergence de l’homosexuel comme espèce au milieu du dix-neuvième siècle, dans la littérature médico-légale. Or, si l’on se libère de cette vision devenue doxique, on peut reprendre le questionnement de manière fructueuse.

Puisque le point de croisement est temporel – les débuts de l’époque moderne – les corpus, les contextes et les questions peuvent être très variés. L’idée est de mettre l’accent à la fois sur les manières dont le genre (sexué) intervenait dans la culture de l’époque. Dans quelle mesure des catégories comme le gender ou le queer sont-elles, non seulement pertinentes, mais fructueuses pour la constitution et l’étude d’objets culturels et littéraires ? Et dans quelle mesure aussi la prise en compte des spécificités des périodes considérées permet-elle de combiner les apports des théories contemporaines et un historicisme responsable – à moins qu’il ne faille au contraire dénoncer les accusations d’anachronisme régulièrement portées à l’encontre des chercheuses et chercheurs qui s’intéresse au gender au passé comme autant de dispositifs littéralement conservateurs. Ce ne sont que des directions indicatives.

Le cadre général est comparatiste. Cela signifie, certes, qu’on peut interroger ensemble des contextes culturels et linguistiques, voire des media divers.Mais nous encourageons également l’envoi de propositions qui mettraient en avant les différences d’approche des questions de genre selon les contextes culturels (universitaires, scientifiques). En tout état de cause, ce sera l’une des responsabilités (et l’un des bénéfices) de la rencontre de mettre en contact les spécialistes et les approches, ainsi que leurs contextes culturels.

Pour tout renseignement complémentaire, contactez Pierre Zoberman

ZPParis13@aol.com

Les propositions (250-300 mots, communication de 20 mn) sont à envoyer à la même adresse sous forme de fichier Word avant le 30 avril 2015

Les langues du séminaire sont le français et l’anglais.

CALL FOR PROPOSALS

DECEMBER 10, 2015 SEMINAR Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

Centre d’Études et de Recherches Comparatistes (EA 172) Comparative Literature and Gender: The Early Modern Period

Cette journée fait suite à celle qui s’est tenue le 6 février 2015, et qui s’intitulait : « Comment articuler les croisements ? » Elle prolonge la réflexion, en cherchant à approfondir les spécificités de la première modernité au regard des questions de genre. En outre, il s’agit de s’interroger sur l’enrichissement mutuel entre une approche – les études et la pensée du genre – et une période : les débuts de l’époque moderne.

Background

We are starting from some of the premises on which the whole project to cross-examine (literally) comparative literature and gender was established:

In the past few decades, the denaturalization of genders (and of the roles socially ascribed to genders) has affected masculinity, which lost its status of evidence. Literary studies took these theoretical developments on board. Cultural objects passed on from generation to generation of scholars became problematized. To quote only a few examples: new light was shed on the place of women in the emergence of the novel in early modern Europe and there was a reassessment of the culturally produced invisibility of certain objects, of the erasure or negative valuation of a whole segment of literary production on explicitly or implicitly gendered criteria. This is one way the canon was called into question. These concerns also resulted in new readings (or re-readings) of texts (whether already recognized by the dominant culture or not) that bring to the fore the representation, reproduction, or construction of gendered identities and roles (the masculine, the feminine).

Questions and directions

In the first call for papers, we proposed the following directions:

  1. Problematizing the very notion of crossing, its modalities and forms—comparative literature/gender crossings, to be sure, but also intersectionality or intermediality.

  2. To what extent is it possible to rethink the determinations that make up the very notion of intersectionality, beyond/outside the now traditional triad (race, class, gender), taking into account various contexts (social, cultural, historical, etc.), and adducing other factor (geographic, political, ideological, etc.).

  3. Revisiting the canon, in order to examine the development and evolution of the processes which produce legitimized cultural objects – exploring the constitution of alternative canons or the modes of canon formation and rendering visible again those objects which had been made invisible in that socially determined process.

  4. Similarly particular attention may be paid to the question of translation, in connection with the issue of crossing which is at the center of the session’s focus.

It might at first glance seem that the last two points are more immediately transferable to the exploration to which we are inviting scholars here. It is, however, one of the main goals of the seminar assess the ways in which contemporary approaches can help shed light on past historical contexts, and how, in turn, the exploration of cultural contexts and corpuses temporally removed may help revise, fine-tune, and give validity to, those current methodologies and theories, even if it entails such adjustments.

Such an investigation is all the more promising since quite a few scholars in the field today have called into question the rigid chronology established by Michel Foucault and upheld by his epigones, in particular David Halpern, whereby sexual identity only appeared in the mid- nineteenth century, with the emergence of the homosexual as a species in the medico-legal literature. Now, distancing oneself from this view, which has taken on the significance of a doxa allows to take up the inquiry again most fruitfully.

Since the point of intersection is temporally defined (the early modern period), the corpuses, contexts, and issues considered may be very varied. The rationale behind this seminar session is to emphasize the ways in which gender was a factor in the culture of the time. To what extent are such categories as gender or queer not only relevant, but also most productive for the elaboration and study of literary and cultural objects? To what extent, as well, is understanding the specificity of the period under scrutiny instrumental in maintaining a healthy historicism while still taking advantage of today’s theoretical advances—or should we, on the contrary, expose the accusations of anachronism regularly hurled at those who explore gender issues in the past as literally conservative gestures? These are only a few possible directions.

The inquiry is envisioned in the perspective of comparatism. This means, naturally, bringing together various cultural and linguistic contexts, or different media. But we encourage also proposals which foreground differences in the way gender issues are approached in different cultural contexts and fields (be they academic or disciplinary). In the end, one of the seminar’s responsibilities (and hopefully one if its results) is to bring together scholars and approaches, and their various cultural backgrounds.

The seminar’s languages will be French and English. Proposals for papers of 20mn in length (250-300 word abstracts) should be sent to Pierre

Zoberman, zpparis13@aol.com as a Word attachment by April 30, 2015 For more information, please write to the same address.