Appel à communications: Ville portuaire, un espace-frontière: Regards croisés de l’Histoire et de la Littérature

VENDREDI 8 DECEMBRE 2017

UNIVERSITE DU LITTORAL, DUNKERQUE

Date limite pour la soumission des propositions: le 9 juillet 2017

Cette journée d’étude se propose d’engager une réflexion sur la ville portuaire européenne, son histoire et ses représentations, tant matérielles qu’imaginaires et symboliques. Nous traiterons ici exclusivement des ports maritimes. La réflexion suivra une double perspective :

  • Une perspective historique

1/ Infrastructures et villes portuaires à travers le regard des peintres

            Bateaux, quais animés par les mouvements d’une foule bigarrée, amoncellement de denrées venues d’ici et d’ailleurs sont autant d’éléments que l’on retrouve dans les divers tableaux des séries des Ports de France de Vernet à Signac. Cette journée d’étude se propose de porter un regard complémentaire sur les visions des ports proposées par les écrivains en s’intéressant à celui présenté par les peintres.

Quelles furent les prémices de ce genre ? Quelles visions du port et/ ou de la ville portuaire les peintres veulent-ils nous transmettre ? Comment la diffusion de leurs œuvres influence-t-elle la perception du port qu’en ont les élites ou le commun des mortels ? Comment et dans quels buts les pouvoirs publics (Etats ou villes) se saisissent-ils de ces représentations des havres et des villes portuaires ?

 

2/ Infrastructures et villes portuaires à travers le regard des historiens

         La vision proposée par les peintres mais aussi certains voyageurs étrangers tel Arthur Young interroge sur les relations existant entre les infrastructures portuaires, le rayonnement des ports et les relations entretenues entre les ports et les villes portuaires.

            Quel est le poids des infrastructures portuaires et des équipements dans la croissance et l’affirmation de certains ports et la structuration d’aires portuaires ? Si parfois ports et villes sont dissociés, le plus souvent, ils fusionnent. Quels sont donc les impacts des infrastructures portuaires sur l’aménagement urbain ? Quelles sont les conséquences des politiques urbaines sur l’évolution des zones portuaires ?

            Du fait des obstacles naturels ou du contexte militaire, les infrastructures portuaires peuvent nécessiter de très lourds investissements. Qui décide de la construction des infrastructures ? Qui finance ces dernières et selon quelles modalités ? Qui construit ces équipements ? Quelles catégories de personnes qualifiées (ingénieurs militaires, chercheurs spécialisés dans l’étude de la résistance des matériaux, maçons ….)   aident ces entreprises à vaincre l’hostilité des éléments naturels ? Quelle est l’influence de la connaissance des infrastructures de ports étrangers sur la volonté de moderniser des équipements existants ? Quels rapports les différents acteurs institutionnels chargés de la gestion des lieux portuaires  (autorités municipales, les chambres de commerce, les autorités militaires, l’Etat…) entretiennent-ils ?

            Quel est le discours tenu par les Etats, les villes et les chambres de commerce sur ces infrastructures ? Comment les populations locales perçoivent-elles ces dernières et comment se les approprient-elles ?

 

  • Une perspective littéraire :

1/ Identités de la ville portuaire :

Par quels moyens la littérature construit-elle une identité propre à la ville portuaire ? Quelles images, positives ou négatives, en offre-t-elle? Supposent-elles des formes d’écriture particulières? Quel regard la ville porte-t-elle sur elle-même ? Comment les écrivains qui y ont vécu en parlent-ils? Quelle est, d’autre part, la vision forgée par ceux qui lui sont extérieurs ?

Comment se reflète, dans les textes littéraires, la présence de communautés variées issues du brassage des populations et du cosmopolitisme inhérent à ce territoire ? Certaines villes (selon que le port est commercial, industriel, militaire ou touristique) suscitent-elles davantage l’inspiration, et dans quelle mesure ?

Ce lieu hybride ouvert sur l’espace maritime est-il plutôt défini comme un univers stable et cohérent ou comme un milieu interlope, essentiellement voué au transit, au commerce et au trafic ? Peut-on dégager un tableau général ou chaque œuvre propose-t-elle un point de vue différent ?

Comment la description littéraire dépeint-elle le visage particulier de la ville portuaire (quais, docks, silos, darses, chantiers navals, grues, criée de poissons, …)? En quoi la littérature a-t-elle relayé l’émergence de la station balnéaire, apparue au XIXème siècle (port de plaisance, plage, tourisme, sports nautiques…) ?

 

2/ Ville portuaire et ailleurs

La ville portuaire est une ville ouverte sur le large sauf en temps de crise. Le regard qu’elle porte sur elle-même dépend donc tout particulièrement des relations qu’elle entretient avec l’extérieur. De quelles façons la littérature donne-t-elle à imaginer ceux (main d’œuvre, marins, marchands, militaires, touristes etc.) qui arrivent et repartent de son territoire, et des mondes lointains avec lesquels elle échange ? Comment la littérature porte-t-elle témoignage  de ce lien particulier à l’altérité, entre expérience vécue et vision fantasmatique? Quelle est par exemple sa lecture de l’appel du large, des flux migratoires, des échanges culturels, des liens d’hospitalité, mais aussi des risques d’invasion, d’épidémies ?

 

3/ L’imaginaire de la ville portuaire

La ville portuaire est pour une large part l’objet de rêveries produites par ceux qui ne l’habitent pas mais la traversent sans y demeurer, ou l’imaginent sans la visiter, rêveries vectrices de mythes. La distance temporelle peut également produire une vision mythifiée, idéalisée, à moins qu’elle ne dramatise ou occulte certains événements. Qu’en est-il dans les œuvres qui en font leur sujet ?

Quels personnages emblématiques sont attachés à cet univers ? Y-a-t-il un mythe ou des mythes littéraires du pêcheur, du marin, du navigateur, etc. ? Les portraits sont-ils convergents ou variables selon les époques et les auteurs ?

Les cités portuaires ont imaginé « l’ailleurs ». Les mondes lointains ont tour à tour provoqué la fascination ou la crainte. Les phases de développement des échanges avec certaines régions du globe ont-elles suscité l’apparition de certaines thématiques et de certaines formes d’écriture. A quelles peintures significatives le commerce triangulaire, la colonisation et son déclin ont-ils donné lieu ? L’accélération des échanges internationaux est-elle l’occasion d’un renouvellement de l’imaginaire portuaire ?

 

Organisatrices : Catherine Haman (Unité de recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel (HLLI), EA 4030) et Agathe Leyssens (UR-H.L.L.I., EA 4030).

Les propositions de communication (titre et résumé) accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique sont à transmettre par voie électronique pour le 9 juillet 2017 aux organisatrices.

Catherine Haman (catherine.haman@univ-littoral.fr)

Agathe Leyssens (agathe.leyssens@espe-lnf.fr)

http://mod-fictionnel.univ-littoral.fr/

Source: Fabula